Comment ne pas être subjugué par la vision du Khazneh (le Trésor) après avoir traversé le Siq, étroit passage dont les parois s’élèvent à plus de 80 mètres. Après 1 km de marche dans cette gorge étroite aux couleurs rouges et roses, on aperçoit à la sortie du Siq le Trésor de Petra creusé ans la roche qui se dresse majestueusement. Il mesure 43 mètres de hauteurs et 30 mètres de largeur. Elle a été réalisée au 1er siècle avant JC et était probablement un tombeau pour un roi nabatéen.


Nous avons eu la chance de ne pas partager ce moment avec beaucoup de touristes, mais nous imaginons aisément l’impression de Johann Ludwig Burkhardt en 1812 lorsqu’il découvra Petra, alors habitée par des bédouins (il y a encore des bédouins qui vivent aujourd’hui dans certaines des grottes, un peu à l’écart du site principal). Johann Ludwig Burkhardt fut un explorateur Suisse (!!) parti découvrir l’Afrique de l’Ouest et le Moyen Orient. Il avait appris l’arabe, s’était convertit à l’Islam et était vêtu à la mode bédouine afin de passer un peu plus inaperçu. Il avait entendu parler de l’existence de la cité nabatéenne, qui avait été progressivement abandonnée après le 14ème siècle. Afin de pouvoir pénétrer à l’intérieure de la cité nabatéenne il a négocié avec les bédouins. Il connaisait l’existence d’un haut lieu de sacrifice, la tombe d’Aaron située au sommet d’une montagne au bout de la vallée de Petra. Il leur demande donc de pouvoir y aller pour sacrifier une chèvre, ce que les bédouins acceptèrent.  C’est ainsi que Petra, l’oubliée, fut à nouveau connue du monde.


Depuis 1985, Petra est inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco et a été choisie comme l’une des nouvelles merveille du monde. Ayant séjourné dans le «Bedouin Village», nous avons aussi découvert l’envers du décor. Au moment de son inscription à l’Unesco, les familles de bédouins vivant au sein même du site dans les grottes nabatéennes vieilles de 2000 ans ont été expulsées et «casées» dans un «ghetto». Certains bédouins continuent à vivre sous tente et vivent de la terre avec leur troupeau de chèvres, mais la plupart ont troqué leur chameau contre un 4x4 et vivent du tourisme.

L’allée principale de Petra s’est tranformé en une foire de stands de vente de souvenirs, mais il suffit de s’éloigner quelque peu des sentiers battus pour être seul et découvrir dans le silence la beauté des lieux. Grâce à notre ami «King» qui nous a accompagné le 2ème jour, nous sommes entrés sur le site de Petra par un autre chemin, non répertorié sur les plans. Que du bonheur !


Mais qui donc a construit cette vaste cité où on été découverte plus de 500 tombes creusées dans la roche ? Les Nabatéens, peuple nomade d’origine du nord de l’Arabie, s’implantèrent dans la région au VIème siècle avant JC et devinrent sédentaires. Petra fut une une région stratégique située sur les anciennes routes commerciales reliant la Chine et l’Inde aux villes côtières de la Méditerranée et leurs ports. Ils s’enrichirent tout d’abord en prélevant des taxes de passage pour les caravaniers en échange de leur protection. Par la suite ils prirent part de façon active au commerce. Le commerce le plus lucratif était celui de l’encens, de la myrrhe et des épices en provenance de Somalie, d’Etiopie et d’Inde. Toutes ces denrées étaitent acheminées jusqu’à Petra et les Nabatéens les transportaient ensuite vers l’Arabie de l’Ouest. Les marchandises  transitaient par des relais  caravaniers à Petra avant de traverser le désert du Sinaï à destination des ports de Gaza et d’Alexandrie d’où elles partaient en bateau pour la Grèce et Rome.


Les Nabatéens ne furent jamais une grande puissance militaire mais ils établirent à partir du IIIème siècle avant JC une zone d’influence importante dans la région.  Pendant son âge d’or sous le règne d’Aretas IV vers l’an 0, Petra avait une population d’environ 30’000 personnes. Les Nabatéens étaient extrêmement ingénieux. Ils étaient devenus maîtres en hydraulique ayant construit des digues, des citernes et des canaux pour alimenter la ville en eau et détourner les crues des oueds. De part leur ouverture d’esprit et leur situation de carrefour où transitaient des gens venus de part et d’autre, ils ont été largement influencés par les cultures extérieures. On peut ainsi y découvrir des styles gréco-romains, mésopotamiens et égyptiens mêlés à leur propre style.


Par la suite Petra perdit de sa gtrandeur en raison de Palmyre qui pris le contrôle de la route de la soie en provenance de l’Asie. La connaissance des vents de la mousson permettait désormais de passer le Mer Rouge en bateau sans transiter par Petra.  En 106 après JC, les Romains s’emparèrent de Petra et en firent une de leur province. Après deux tremblement de terre en 363 et 551 et l’invasion musulmane au VIIème siècle, Petra avait perdu son rayonnement d’antan. On sait peu de choses sur les 5 siècles suivants si ce n’est que les croisés s’y installèrent peu de temps au XIIIème siècle. Ensuite Petra tomba dans l’oubli... jusqu’en 1812.


Petra, merveille du monde ? Oui !



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La cité rouge-rose

dimanche, 26 juin 2011