Voilà déjà deux jours que nous arpentons les rues d’Istanbul et ce qui nous a frappé dès le premier matin c’est la présence incontournable de l’Islam. Le lendemain matin de notre arrivée, avant même que le réveille sonne, nous sommes tirés de notre torpeur par la voix de plusieurs «muezzins» qui appellait les fidèles à la première prière du jour. Eh oui, la première, car 5 fois par jour les musulmans prennent le chemin d’une des nombreuses (c’est peu dire) mosquées de la ville ! Lorsqu’on prend un peu de hauteur et qu’on observe Istanbul on y aperçoit une forêt de minarets qui peuplent la ville.
Après avoir visité la mosquée Bleue Sultanhamet Camii (la plus connue mais pas forcément la plus belle...) où il y avait plus de touristes que de fidèles en train de prier... nous sommes partis à la découverte d’autres mosquées, comme celle de Soleiman le Magnifique perchée au haut d’une colline au centre de la ville, au moment où les muezzins donnaient de la voix (pour la 2ème fois de la journée). Là, nous avons pu observer le flot des fidèles venir à la mosquée et avant de rentrer et d’enlever leur chaussures, pratiquer les ablutions des pieds. Devant chaque mosquée, il y a une alignée de robinets d’eau, un peu comme au stade de foot pour que les joueurs puissent laver leurs chaussures à crampons après un match dans la boue. On aurait aimé entrer pour participer à la prière...mais notre curiosité (ou voyeurisme touristique) s’est arrêté là. Un peu plus tard, lorsque nous marchions dans un quartier un peu moins glamour, nous avons assisté à un phénomène étrange... Alors que le muezzin faisait vibrer ses cordes vocales (pour le 3ème fois), la rue pourtant si animée et bruyante, se vida en quelques instants. Au milieu de l’agitation perpétuelle de la rue (de la vie?), l’appel à la prière semble offrir un moment de répit (de paix?) aux fidèles. Dans la mosquée (ou devant la mosquée car il n’y avait pas assez de place pour tout le monde dedans) tous sont égaux : ils se tiennent debout épaule contre épaule, à genoux et se prosternent à tour de rôle pour prier Dieu. L’opération se répéta encore deux fois durant la soirée, mais là nous étions déjà sur la terrasse de notre guesthouse...
Le 2ème jour, notre découverte de l’Islam à Istanbul a continué par la visite du Palais de Topkapi. Nous pensions que les catholiques étaient les grands collectionneurs de reliques... mais nous avons vite compris que les muslumans les avait largement surpassés. Au Palais de Topkapi on nous présente dans une vitrine l’empreinte du pied du prophète Mohammed, l’épée du Roi David et le bâton de Moïse (oui oui celui-là même avec lequel il a pourfendu la mer rouge). Dans la vitrine il est même précisé que le bâton de Moïse date de environ moins 2000 avant Jésus-Christ !
L’émotion vive suscitée par la vue du bâton de Moïse passée... nous avons pris le tram pour nous éloigner un peu du centre. Nous sommes entrés dans la Mosquée Mihrimah, et comme chaque fois nous avions enlevés nos chaussures, mais cette fois...nous étions seuls... Quel contraste avec la mosquée Bleue et quel calme... Pour nous aussi un instant de répit...
Ensuite direction Eyüp, quartier hautement religieux. Quelle ne fut pas notre surprise en arrivant à la Eyüp Sultan Camii , de voir autant de monde (mais pas des touristes cette fois...). La plupart enfants étaient vêtus comme des princes ou des sultans d’il y a quelques siècles. S’agissait-il de la première communion musulmane ? Nous n’en saurons pas plus... Nous avons ensuite gravi la colline adjacente pour nous faufiler dans un dédales de tombes...envahies par une végétation imposante. Une sorte de Père Lachaise, bric-à-brac avec vue sur le Bosphore. Un régal pour les yeux !
Ce qui nous a frappé lors de nos visites de mosquée après deux jours, c’est l’absence de «marchands du temple»... Pas de gri-gri à vendre, ni de portraits de l’Imam local, ni-même de glaces vanille.... On en vient à suspecter les gardes Suisses du Vatican de faire de l’argent sur le dos du Pape avec leur calendrier.
De là à dire que quelques jours à Istanbul peut faire évoluer votre vision de l’Islam, il n’y a qu’un pas qu’on ne franchira pas...mais en tous les cas nous retenons la sympathie et l’accueil respectueux envers le voyageur auquel nous avons eu droit ici à Istanbul.